Quand la mémoire fait défaut !

Cette année encore nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir la Dre Sylvie Belleville, professeure titulaire au département de psychologie à l’Université de Montréal et directrice de la recherche à l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal.

La Dre Belleville nous a entretenus de la défaillance de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, de son évolution, du diagnostic, de la recherche qui se fait à ce sujet et de la façon dont on peut en contrer les effets.

C’est une maladie encore mystérieuse où le diagnostic certain se fait après la mort par un examen du cerveau. Le diagnostic clinique lui, peut être fait par le médecin de famille. On le consulte quand la mémoire devient moins bonne, qu’il y a un impact sur le travail si on y est encore, quand on a de la difficulté à gérer sa vie et qu’il y a perte d’autonomie. Avant de faire un diagnostic d’Alzheimer, le médecin va chercher s’il peut y avoir  d’autres causes à ces maux comme le stress, l’apnée du sommeil qui se traite bien maintenant, un deuil, une dépression, toutes causes qui peuvent être traitées.

C’est une maladie progressive qui peut évoluer sur une période de 10 à 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes. En connaître la cause n’est pas simple, il faudrait pouvoir faire  des tests au tout début de la maladie pour les personnes à risque. Des tests simples, non invasifs, comme des tests de mémoire et d’ordre alphabétique, des tests sanguins et de neuroimagerie pour vérifier, à intervalle régulier, l’épaisseur du cortex qui s’amincit à mesure que la maladie évolue.

Une grande collaboration et beaucoup d’efforts sont déployés par les chercheurs à travers le Canada sur la maladie d’Alzheimer. On espère qu’un médicament pourra être mis au point bientôt. Toutefois, un tel médicament devra être administré très tôt, car il ne guérira pas le cerveau, mais pourra seulement en retarder les effets.

Cette maladie ne frappe pas tout le monde de la même manière, certaines personnes n’ont aucun symptôme, mais leur cerveau est quand même atteint. Des facteurs de protection, comme une éducation supérieure et une scolarité avancée peuvent agir sur la plasticité du cerveau et le protéger jusqu’à un certain point.

La Dre Belleville nous a dit que de 30% à 50% des cas de cette maladie sont reliés à des causes modifiables comme les risques vasculaires, la dépression, l’inactivité physique et cognitive et le tabagisme. Si l’on réduit ces facteurs,  le nombre de cas de la maladie d’Alzheimer pourrait diminuer par million dans le monde. Voici quelques pistes pour réduire ces facteurs de risques,

– Une bonne santé vasculaire : surveiller l’hypertension, le diabète et éviter le tabagisme. Faire du Tai Chi, c’est excellent pour la santé vasculaire.

– De l’activité physique : aérobie et musculation, danse sociale, agréable et bénéfique.

– De l’activité cognitive : cours, bénévolat, loisirs, faire son arbre généalogique, écrire ses mémoires pour les petits-enfants.

– Un bon réseau social : amis, famille, collègues et relations, loisirs communautaires.

–  Une alimentation saine comme la diète méditerranéenne, moins de viande rouge, de sucre et de mets industrialisés.

–  Un bon sommeil en qualité et quantité, détecter l’apnée du sommeil, faire une petite sieste.

Toutes ces interventions pourraient augmenter la plasticité cérébrale. On ne peut pas choisir sa génétique, mais on peut choisir son genre de vie.

Au début de la maladie, le cerveau est très actif pour compenser les lacunes. Le fait d’apprendre de nouvelles choses entretient  la plasticité du cerveau. L’Institut de Gériatrie de Montréal a développé le programme Mémo qui vise à améliorer les performances mnésiques chez les personnes âgées.

Quelques symptômes comportementaux et psychologiques nous  indiquent que  la démence s’installe : de l’agitation, un dérèglement du cycle du sommeil, des fugues, de l’opposition et de la colère vis-à-vis des propositions qu’on peut  leur faire. 90% des patients présentent au moins un de ces symptômes. Ce sont ces troubles comportementaux qui précipitent l’institutionnalisation, mais des technologies sont maintenant accessibles pour aider le maintien à domicile et soutenir les proches aidants comme des alarmes pour signaler et éviter les fugues, des programmes pour faire de la stimulation et bien d’autres qui peuvent rendre service et faciliter la tâche.

Quand la mémoire s’étiole, les souvenirs anciens sont les plus résistants. Évoquer avec la personne ces souvenirs du passé aide à maintenir l’estime de soi, l’identité et lui procure aussi du plaisir.

Merci, Dre Belleville, d’être revenue partager avec nous ces informations pour nous aider à prévenir ou mieux vivre avec la maladie d’Alzheimer.

Lien vers le compte-rendu de la présentation de Dre Belleville en octobre 2015: « Aller aux sources de la mémoire ! »

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